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Le lycée Madame de Staël à Montluçon – CONCOURS

non lauréate

 lem FACADE coul

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voir le plan de masse

 

Sur la colline de la Pacaudière, où il est situé, s’élevait un couvent, celui des Dames de saint Maur. Il fut construit de 1852 à 1856 d’après  les plans de l’architecte Jean Baptiste LASSUS à l’angle de la rue des grenouilles(rue Madame de Staël) et du pont sur l’Amaron. En 1924, le couvent transformé en école reçoit le nom de Madame de Staël, du nom de sa rue. C’est en 1954 que débutèrent les travaux de démolition du couvent et de construction des bâtiments scolaires par Jean Dubuisson  qui s’étendirent en 4 étapes jusqu’en 1970. En 1957, le collège était devenu lycée d’Etat classique et moderne de jeunes filles. En 1970, il fut transformé en L.E.M.(Lycée d’Etat Mixte).

Réhabiliter un bâtiment conçu par Jean Dubuisson, un grand architecte de la modernité. Un ensemble de façades planes, lisses et largement ouvertes, qui évoque aux yeux de beaucoup, une enveloppe austère et froide.

« Privilégier la plus grande simplicité dans la structure afin de réaliser des économies pour les reporter sur le second œuvre avec lequel on peut apporter tous les éléments de confort » disait-il.

Heureuses les baies vitrées inondant l’espace de lumière mais l’isolation thermique est un point faible.

Les mosaïques partent par morceaux, l’aluminium terni ne brille plus au soleil.

L’enjeu serait de créer quelque chose en plus qui ne soit pas uniquement la traduction d’une fonctionnalité (sans pour autant lui enlever), ajouter quelque chose pour que l’architecture prenne la couleur des lieux et en particulier celles de son histoire.

Faire que le lycée revêt une identité visuelle qui lui est propre, qui traduit sa propre histoire tout en reflétant  à l’extérieur, l’activité et le dynamisme de ce qui se déroule à l’intérieur.

Pour nous, l’intervention doit être « légère » une ode à la transparence, à la disparition dans le respect de la fonctionnalité de l’existant. Le programme de rénovation le suggère.

Filtrer la lumière, pour n’en garder que le positif. Monsieur Dubuisson ne différenciait pas le nord du sud dans le traitement de ses façades. Or on sait aujourd’hui, pour les protections solaires, un débord verticale est efficace pour une orientation NE mais inutile pour une orientation sud et inversement pour une protection horizontale. Si le lycée est inoccupé durant les périodes de forte chaleur, en revanche empêcher la pénétration du rayonnement direct en hivers serait économiquement inintéressant.

Notre choix s’est donc orienté vers la maille. Elle ne se contente pas de jouer sur les textures et lumières des bâtiments, cette double peau protège du soleil. Elle constitue aussi un véritable écran au vent.  Le métal déployé a des propriétés d’occultation du rayonnement solaire du à sa géométrie tridimensionnelle. Il améliore le confort acoustique. Choisi en acier auto-patinable à corrosion superficielle forcée, il assure une autoprotection naturelle dans le temps et une grande résistance aux conditions atmosphériques. En fonction de l’orientation la dimension de la maille pourra varier et, le grand avantage du métal déployé réside dans le fait qu’aucune perte de matériau n’est engendrée.

De plus, Il insuffle de la poésie par les jeux de lumières qu’il provoque.

La maille a la qualité d’apparaitre ou de disparaitre, elle reflète les niveaux d’énergie de la journée, et se transforme d’un jour à l’autre suivant les conditions météorologiques. Suivant le temps qu’il fait, la luminosité, les heures du jour et de la nuit, les saisons et l’occupation des lieux, le lycée offre donc de nouvelles images, de nouveaux motifs, de nouvelles apparences et de nouvelles formes. Elle reflète la dynamique et la richesse du Lycée.

Et quoi de mieux que cette transparence pour permettre  à l’imagination de pénétrer de façon discrète dans le passé de ce lycée. Des fragments de métal conçue comme trace mémorielle d’un lieu : celle du couvent. Redessiner cette vision des volets entrouverts, des fenêtres cintrées, des lucarnes sur le toit, des portes majestueuses.

Nous avons voulu proposer une énigme à résoudre qui nécessite de posséder la culture du lieu, stimuler et autoriser l’imagination liée à cette forme mentalement présente. Si la maille détachée de la façade évoque le couvent, nous ne pouvions ne pas conserver trace de l’architecture actuelle de Jean Dubuisson. Sauvegarder l’essentiel par des fragments composés de cassettes métalliques perforées rappelant la mosaïque et reprenant avec exactitude la trame d’origine de Jean Dubuisson, une trame sur laquelle jouent des pleins et des vides.  Des fragments dans l’alignement de l’enduit, afin que les ombres du couvent viennent également s’y poser. Pour les pleins, une intervention minimaliste afin de servir d’écran, et mettre en valeur la souplesse, la mouvance et la dynamique des fragments, les façades seront recouvertes d’un enduit blanc.

« Ce que le mur en verre était au modernisme, l’écran le devient à notre ère numérique. »

En conclusion, nous avons choisi  de répondre au programme en améliorant les performances thermiques, tout en amenant avec discrétion et dynamisme la culture du lieu.

Notre projet est un jeu entre des transparences, des reflets mouvants et dynamiques de sa propre histoire, des effets de miroir et entre celui du motif redondant de la trame structurelle réduite à ses ouvertures et donc à sa pure fonctionnalité.

Et même si le lycée porte le nom de Madame de Staël uniquement pour son côté pratique (nom de la rue) nous avons choisi d’inscrire 2 de ses citations sur les murs écrans du lycée.

NOTICE ARCHITECTURALE

Construit sur la colline de la Pacaudière, la grande préoccupation du projet  fut son accessibilité à tous, le premier palier se situant à plus de 11m de dénivelé de la rue, une rampe de 4% nous semblait inconcevable et impraticable. Nous avons donc imaginé un système de visiophone qui permettrait de contacter et demander au personnel du lycée l’assistance d’une voiture. Ensuite, et pour permettre non seulement l’autonomie mais également la rencontre, nous avons situé les arrêts « minute » non pas vers l’externat, mais vers les entrées hautes et basse du gymnase A.

Le lycée est un lieu d’ouverture et d’échanges. Il accueille des élèves d’origines sociales et culturelles variées, qui doivent se rencontrer. Si elle n’est pas toujours évidente, concevoir un aménagement pour la provoquer nous semble intéressant.

Notre premier choix a été de séparer les véhicules motorisés des piétons, en inversant la voie piétonne actuelle de la voie des 2 roues. Cette solution permet d’éviter le croisement sur le palier bas du gymnase qui resterait uniquement le parking des 2 roues, et l’accès aux vestiaires.

L’équipement d’un ascenseur pour ce gymnase permettrait d’éviter d’autant l’accès aux piétons, puisque l’ensemble des élèves pourraient se rendre aux vestiaires ou à la salle de musculation sans passer par l’extérieur. Des places de stationnement supplémentaires pourraient alors être créées en remplacement d’une partie de celles situées le long de la coursive.

Pour rejoindre, la partie haute du gymnase, les élèves concernés empruntent alors tous, qu’il soit valide ou non, qu’ils soient arrivés en 2 roues ou déposés à l’arrêt minute car à mobilité réduite, une rampe de 4% le long du pignon NO du gymnase. Ils rejoignent un premier palier qui croise l’accès venant de la rue par les marches.

Si les rampes et les accès se séparent, elles ne cessent de se croiser pour finalement se retrouver sur ce plateau ombragé et équipé de banc. Ce lieu d’échange existe actuellement, il est bordé d’arbre. Nous avons souhaité qu’il devienne un passage obligé et accessible à tous en l’équipant de bancs adaptés .il est pratiquement plat et praticable par tous. Il est l’unique accès à la coursive.

Cette séparation a permis :

  1. de minimiser la proximité des véhicules motorisés avec les élèves qui profitent plus du parc et d’un air moins pollué.
  2. De leur faire emprunter un accès plus direct
  3. De créer des stationnements le long du pignon SE du gymnase à la place de l’ancien chemin piéton.

Les arrêts minutes permettent d’éviter à trop de véhicule de pénétrer sur le site du lycée et de venir à proximité de la cour.

Quant au chemin qu’empruntent tous les élèves valides depuis le portail et donc au-delà jusque la rue, il se situe donc sur l’ancienne voie des 2 roues. Il est rythmé par des ensembles de 6 ou 7 marches, des paliers de repos sur lesquels seront aménagés des assis-debout, des repères tactiles par bande de guidage, des contrastes de marches…..

En parallèle, une rampe de 12%, certes non praticables par des personnes en fauteuil mais qui pourrait développer la solidarité. Cette rampe avec l’aide d’un adolescent valide pourrait être empruntée par les personnes en fauteuil et éviter leur dépendance au personnel du lycée. Elle devra être accessible depuis l’arrêt de bus.

La liaison vers la coursive se fait par une surélévation par rapport à la route obligeant la création d’un dos d’âne et un ralentissement évident des véhicules.

Quant à la coursive, elle est protégée par une structure métallique recouverte d’un polycarbonate cintré dont le vieillissement est flagrant et sa transparence malgré un bon nettoyage n’est certainement pas récupérable. Or, elle longe les façades NE des bâtiments  « internat », soit l’accueil et une partie de l’administration, et le self. Sa vétusté devrait être encore plus signifiante avec des façades neuves. De plus elle ne permet pas aux rayons du soleil de pénétrer dans les locaux du Rez de chaussée les privant ainsi d’une énergie gratuite, et d’une luminosité suffisante.

Nous proposons en option de conserver sa structure et de la traiter de façon plus rythmé, l’éloignant parfois de la façade créant ainsi des rétrécissements. En l’éloignant, nous permettrons aux rayons de certaines heures de pénétrer dans les locaux. La structure sera légèrement complétée pour créer des faibles pentes vers les espaces verts (d’un coté ou de l’autre) suivant qu’il y ait un accès à un bâtiment. Un élargissement est créé au niveau de la file d’attente pour le self.

Toute cette coursive a prévu d’être refaite y compris un sol en désactivé callepiné, dans lequel pourront être intégré la signalétique et les matériaux de guidage. Cette coursive est visible depuis l’ensemble des bâtiments, et elle est la liaison entre tous. Son traitement pourrait être envisagé pour compléter la revalorisation du Lycée.

Au bout de cette coursive, l’accès au préau pour les élèves et à gauche, l’accès à l’administration. La porte majestueuse de l’ancien couvent prendra sa place à cet emplacement. Conçue en métal et maille, elle restera entrouverte puisque fixe, dissimulant à l’arrière une porte beaucoup plus  réelle ouvrant sur l’escalier existant qui sera comme les autres escaliers, repeint pour devenir un lieu de transition, d’information avec l’étage administratif.

Le préau sera entièrement repeint en conservant la perspective peinte sur les murs par un groupe d’élève. Les poteaux seront protégés par des barres métalliques qui pourront servir d’assis debout. La dalle haute sera isolée et protégée par une maille métallique. Puisque non isolés, en dehors de la cafétéria, les locaux du rez de chaussée seront isolés en faux plafond. La façade des garages sera traitée d’une couleur sombre pour s’effacer et poursuivre cet effet de lévitation créé par le préau, ainsi transformé en une masse compacte partiellement détachée de sa base. En revanche, la cafétéria intégrera complètement cette masse, comme l’accès à l’administration.

Quant à la nouvelle disposition des sanitaires, en dehors d’être accessible à tous, elle a tenu compte de la lumière naturelle et de l’utilisation des lavabos par les jeunes adolescentes. Elle a été prévue en maçonnerie mais pourra tout aussi bien être réalisé en matériaux compact.

Puis, traversant les escaliers entièrement repeints, rendus accessibles à tous les handicaps et protégés par des gardes corps conséquents, il ne restait que l’aménagement de l’étage science. Malgré une largeur insuffisante des salles qui n’a pas permis d’éviter des élèves au-delà des 9m, l’aménagement, suivant le plan proposé par le programme a pu être facilement respecté. Une variante est proposée pour une salle de TP Chimie pour permettre d’y installer plus de rangement. Toutes les estrades, les plafonds bois et les cloisons vitrées seront  déposés et remplacés par des matériaux conformes aux normes actuelles, afin de répondre aux normes de sécurité mais également d’améliorer les performances acoustiques des classes. Le local à produits dangereux sera séparé du couloir par un sas comme la règlementation l’exige.

Dans les gaines techniques, tous les réseaux EU et EP seront séparés.

Notre projet propose également de remettre l’accès livraison en service qui pourra éviter cette proximité avec la coursive. Actuellement, les livraisons s’effectuent par le parking situé devant la coursive, qu’ils doivent traverser pour atteindre les cuisines. Nous avons modifié, la voie qui longe l’internat  en créant à proximité des cuisines une aire pour permettre un demi-tour des camions de livraison et l’avons légèrement élargie.

En option, nous proposons de créer des stationnements à l’arrière de l’internat, à l’emplacement de l’espace vert où se gare actuellement le personnel de façon sauvage.

Quant aux traitements des façades, hormis leur isolation par l’extérieur (y compris en couverture) qui est indispensable, nous avons souhaité amené la culture au lycée, à travers sa propre histoire. Le métal est un matériau évident dans la ville de Montluçon, puisqu’il est le symbole de l’industrie, mais aussi pour les adolescents puisqu’il évoque le loft et la modernité qu’il représente. En tant que protection solaire, les fragments du couvent en métal déployé décollés de la façade d’une vingtaine de centimètres pour y projeter ses reflets variant avec la luminosité. Elle est animée par des volets verticaux fixes en métal perforé pour l’externat et en maille pour l’internat.

Le choix de l’acier autopatinable nous a paru la solution la mieux adaptée. En effet, cet acier dont le processus d’oxydation est accéléré lors de sa fabrication, permet d’obtenir des surfaces brutes, sans traitement chimique, qui se patinent au fil du temps sans se dégrader. Un des autres avantages de ce matériau c’est que les défauts ne sont pas visibles et que même les chutes peuvent être utilisées.

Quant aux cassettes en acier prélaqué qui se plient désormais à toutes les audaces elles devront évoquer par leur découpe mais également par leur motif La trame si célèbre de Jean Dubuisson.

Le reste des façades sera traité de façon minimaliste, avec un enduit blanc finition lisse, comme les menuiseries aluminium, ne laissant apparaître que la trame des ouvertures.

Certaines menuiseries non protégées par la maille seront en recul par rapport à la façade, de façon à ce que l’embrasure crée un masque qui empêche le rayonnement direct d’atteindre le vitrage. Du point de vue des apports de lumière naturelle, la position de la fenêtre n’est pas déterminante.

Mais si un besoin indispensable de couleur  apparaissait de la part des occupants, nous savons que rien n’est impossible : la preuve……

L’externat, l’internat et le gymnase seront recouverts de ses fragments car pour le premier il est le cœur de l’établissement, le second a été construit à l’emplacement de l’ancien couvent, et il accueille une partie des élèves une autre partie de la journée. Quant au gymnase, il est le premier bâtiment visible à l’arrivée mais aussi des alentours.

 

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